Dans le ciel d’Ukraine : Le Mig 29

Mig-29 aux couleurs Ukrainiennes

Cela ne vous a pas échappé, la Russie a lancé une opération militaire contre l’Ukraine. Dans ce genre d’opérations, le contrôle de l’espace aérien est primordial. Et la Russie l’a bien compris en tentant de rendre les aéroports et les sites de défense anti-aérienne inutilisables. L’aviation de chasse russe est près de dix fois plus nombreuse, avec près de mille appareils contre plus ou moins cent-cinquante pour l’Ukraine. Dans les effectifs des deux armées, on remarque la présence de chasseurs en communs : Sukhoi-25, Sukhoi-27 et surtout le Mig-29. Ce dernier représente plus de la moitié de la flotte de chasse ukrainienne et presque un quart de la force russe. Coup d’œil sur ce vieil oiseau qui n’a pas encore tiré sa révérence.

Le Sukhoi 27 qui sortira deux  ans après le Mig-29 mais en plus petite quantité.

Histoire :

Le Mig-29 est né dans les années 1970, en pleine guerre froide et en réaction aux avancées technologiques des Etats-Unis. Ces derniers avaient récemment lancé les F-15 “Eagle” et F-16 “Falcon” qui réalisent leurs premiers vols respectivement en 1972 et 1974. En face, les Soviétiques n’ont que les Sukhoi Su-15 et Su-17 datant chacun de 1962 et 1969 qui font pâle figure face aux nouveaux appareils américains. Le gouvernement russe demande alors au constructeur Sukhoi de construire un nouvel appareil pour concurrencer les Occidentaux. En résultent les premiers plans du Sukhoi Su-27, seulement, sa production unitaire s’élève à 35 millions de dollars soit bien trop chère pour une production de masse.

Le gouvernement se tourne vers le deuxième producteur d’avions de chasse soviétique : Mikoyan-Gourevitch. L’entreprise avait déjà sévèrement concurrencé le F-86 américain lors de la Guerre de Corée (1950-1953) en créant le Mig-15, obligeant les Américains à sortir en catastrophe le F-86 E pour pallier l’écart technologique. Les ingénieurs soviétiques planchent donc sur la création d’un nouvel appareil : le Mig-29. Il effectue son premier vol en 1977. Les Etats-Unis apprennent l’existence de ce nouveau chasseur grâce à un satellite volant au niveau de Moscou et lui attribuent la dénomination “Fulcrum”. L’appareil est mis en service en 1983 et entre en concurrence directe avec le F-16 de General Dynamics. L’appareil se révèle très efficace : sa signature radar très faible le rend difficilement repérable et il montre une très bonne maniabilité. Pour preuve, il est un des rares appareils à avoir effectué la fameuse variante du Cobra, le “Cobra de Pougatchev”.

La figure du Cobra de Pougatchev : le pilote monte le nez de l’avion à un angle de plus de 90° faisant donc volontairement décrocher l’appareil jusqu’à un angle de 120°. Ce dernier ralentit brusquement permettant de passer rapidement derrière l’ennemi pour s’échapper voire pour le prendre en chasse à son tour.
Un Mig-29 (haut) et son concurrent le F16 (bas)

Le Mig-29 pèse 7 825 kilos à vide contre 8 272 pour le F-16. Il est légèrement plus rapide atteignant Mach 2,3 (2400 km/h) contre Mach 2,04 (2100 km/h) pour son concurrent. L’appareil est l’un des premiers à accueillir le système de veille infrarouge permettant de repérer les sources de chaleur comme les missiles et les autres aéronefs sans être repérable par l’ennemi.

Cockpit d’un Mig-29

Il est également capable de se poser sur des terrains difficiles grâce à ses trains d’atterrissage comportant des pneus à basse pression et ses entrées d’air obturables. Son défaut majeur est sans doute sa courte autonomie de 900 km, le confinant à des missions à courte distance. Sa principale qualité réside dans son prix. On compte 20 millions de dollars pour un F-16 contre 18,1 pour un Mig-29. Le pari des russes est remporté : créer un avion qui concurrence sérieusement la chasse américaine.

Engagement et mauvaise réputation :

Son prix dérisoire pour l’époque favorise son exportation dans les pays du bloc de l’Est et au Moyen-Orient, plus de 900 exemplaires sont exportés dans 43 pays. Un de ses premiers engagements notables est dans la guerre du Golfe (1990-1991) où il figure dans les rangs de l’Armée de l’air irakienne. Il ne s’illustre pas durant le conflit en ne remportant qu’une seule “victoire” : un tir allié contre un Mig-23. Plusieurs Mig-29 Irakiens sont d’ailleurs abattus par des F-16, confortant les Américains dans l’idée de posséder un appareil supérieur. Il sera présent dans les conflits des années 1990 dans les pays d’Europe de l’Est notamment lors de la guerre de Slovénie (1991), la guerre de Croatie (1991-1995) et la guerre de Bosnie (1992-1995). Lors de ces conflits, sa mission se résume surtout à de l’appui aérien, les pilotes étant souvent mal formés, on leur conseille d’éviter au maximum les combats contre les militaires plus aguerris de l’OTAN. Et à raison :  5 appareils sont détruits lors du conflit pour zéro victoire sur l’ennemi. La réputation du Mig-29 est à son plus bas lors de la Guerre du Kosovo (1998-1999) où douze sont détruits pour, une nouvelle fois, aucune victoire sur l’adversaire.

Reste d’un Mig-29 en Bosnie-Herzégovine.

Comment expliquer de si mauvais résultats ? D’abord, il convient de préciser que le Mig-29 est un avion contenant peu d’outils électroniques et qui exige donc des capacités de pilotage avancées. L’avion permet donc de faire une rapide différence entre un bon et un mauvais pilote. Les pilotes de l’époque sont souvent mal entraînés et ne font pas le poids face à ceux de l’OTAN. De plus, lors de nombreux engagements, l’avion est en sous-nombre. Par exemple, lors du désastre de la Guerre du Kosovo, les pilotes de Mig-29 se battaient à un ratio d’un contre quarante ! Ces deux facteurs relativisent déjà beaucoup sa mauvaise réputation. L’United States Air Force (USAF) elle-même reconnaît les qualités de l’avion : en 1996 les Etats-Unis achètent 21 Mig-29 à la Moldavie pour les analyser et vérifier ses capacités d’emport nucléaire. Des tests en combat aérien sont réalisés face aux F-15/16/18. Le Mig montre une bien meilleure agilité en basse altitude, une réelle efficacité à courte distance et en dog fight. Il est toutefois moins performant lors de combats à longue distance. Un rapport stipule qu’“il est vraisemblable qu’un Mig-29, aux mains d’un pilote adroit et motivé, soit un adversaire extrêmement redoutable”. 

De nos jours :

De nos jours, il reste plus de 800 appareils encore en service, faisant du Mig-29 un des avions de chasse les plus utilisés au monde. Tout de même battu par son éternel concurrent, le F-16, qui compte encore 4200 exemplaires actifs. Il fut, logiquement, dépassé par des avions plus performants, ne le rendant pas inutile mais clairement déclassé. Il est réapparu dernièrement avec le conflit russo-ukrainien.

Reste d’un appareil russe abattu au-dessus de Chernihiv en Ukraine, le 5 Mars 2022.

En effet, de nombreuses vidéos nous montrent le vieil aéronef fendre le ciel d’Ukraine. La Pologne et la Moldavie envisagent par ailleurs d’envoyer leurs exemplaires de Mig-29 en renfort. Selon les informations ukrainiennes, une soixantaine d’avions russes ont été abattus en ce début mars 2022. Si la défense anti-aérienne du pays doit y être pour beaucoup, car très performante, il n’est pas impossible que certaines de ces victoires soient remportées par de vieux Mig-29. Avion performant, toujours en attente de s’imposer dans un ciel de guerre.

Deux Mig-29 indiens en patrouille dans l’Himalaya.

Sources :
https://www.19fortyfive.com/2021/07/how-the-u-s-military-purchased-21-russian-mig-29-fighter-jets/
https://www.menadefense.net/algerie/lalgerie-receptionne-ses-premiers-mig-29-m-m2/
https://aviationsmilitaires.net/v3/kb/airforce/show/196/armee-de-lair-ukrainienne
https://www.lefigaro.fr/international/les-vingt-sept-vont-fournir-des-avions-de-chasse-a-l-armee-ukrainienne-20220228
https://www.mil.gov.ua/index.php?lang=en& part=structure sub=air_force
https://www.forbes.fr/societe/larmee-de-lair-ukrainienne-ne-pourra-pas-empecher-une-invasion-russe/
https://www.forbes.fr/societe/ukraine-quelles-sont-les-forces-et-les-faiblesses-militaires-de-kiev-et-de-moscou/
https://korii.slate.fr/tech/ukraine-russie-conflit-que-valent-armees-de-air-chasseurs-bombardiers-otan-mig-29-su-27-f-22-f-35-iskander
https://korii.slate.fr/tech/ukraine-etats-unis-veulent-troquer-f-16-contre-mig-29-polonais-refus-risque-escalade-otan-russie
https://www.techno-science.net/definition/7884.html
https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Mikoyan-Gourevitch-MiG-29.html
https://aviationsmilitaires.net/v3/kb/aircraft/show/2602/mikoyan-gourevitch-mig-29-otan-fulcrum

Laisser un commentaire