Le 21 janvier 2012, les États-Unis ont officialisé la vente de 50 avions de combat F-35 A et de 15 drones MALE aux Émirats Arabes-Unis. Toutefois le 3 décembre dernier, Abou-Dabi se ravisait pour 80 rafales Français. Cette affaire s’inscrit dans un contexte déjà tendu depuis l’affaire des sous-marins entre l’Australie et la France. Retour sur les évènements.
L’affaire des sous-marins
En 2016, l’Australie, soucieuse de remplacer leurs sous-marins de classe « Collins » vieux de vingt ans, signe un accord avec le groupe Français Naval Group. Ce dernier s’engage à fabriquer et livrer 12 sous-marins non-nucléaire de classe « Attack ». Le contrat s’élève à plus de 50 milliards d’euros. Chez Naval Group on parle de « l’affaire du siècle ».
Mais la satisfaction est de courte durée. Le 15 Septembre 2021 le premier ministre Australien Scott Morrison annonce rompre le contrat avec Naval Group.
Le 31 Octobre, à l’occasion du G20, un journaliste demande à Emmanuel Macron :« Pensez-vous que Morrison vous a menti ? » la réponse du chef de l’état est claire : « Je ne le pense pas, je le sais ». Mais le pire est à venir pour Naval Group : le 22 Novembre l’Australie s’engage à acheter huit sous-marins nucléaires aux États-Unis dans le cadre de l’alliance AUKUS (Australie, Royaume-Uni et États-Unis). La France rappelle ses ambassadeurs basés à Washington D.C et Canberra Les réactions sont nombreuses et l’événement est très médiatisé. L’affaire permet à de nombreuses figures politiques comme Jean Luc Mélenchon ou Eric Zemmour d’argumenter sur une possible sortie de la France de l’OTAN, pointant du doigt l’hégémonie américaine dans l’alliance transatlantique.
Toutefois le contrat de l’AUKUS n’est pas parfait et souffre de plusieurs problématiques. En effet, l’Australie étant un état non-nucléaire, elle ne pourrait faire fonctionner ces sous-marins seule. Ces derniers devraient être ramenés aux États-Unis une fois tous les dix ans pour refaire le plein. De plus, le prédécesseur de Morrison, Malcolm Turnbull ainsi que des alliés politiques du Premier Ministre se sont ouvertement déclarés contre la rupture du contrat. Autant de barrage au bout du déroulement du projet qui permet à Naval Group de cultiver, sans le dire, un espoir de récupérer le contrat.
Mais comment expliquer cette rupture si brutale avec la France ? Premièrement, par sa position géopolitique, l’Australie bénéficie davantage d’une alliance avec les États-Unis qu’avec l’Hexagone. Et quel meilleur allié que les États-Unis qui possède encore à ce jour la meilleure armée du monde ? La situation en Asie du Sud Est est tendue : La Chine ne cache plus ses ambitions territoriales et fait partie d’une entente militaire avec la Russie et la Corée du Nord. Cette dernière continue d’ailleurs ses essais nucléaires et ne cesse d’inquiéter ses voisins.
Les pays alentours se dotent préventivement de matériel militaire en cas de conflit. Le Japon, par exemple, développe un nouvel avion de chasse dernier cri, l’ATD X Shin Shin, suite au refus par les États-Unis de construire des F-22 Raptor sous licence. Taïwan s’est doté de plusieurs missiles de croisière AGM 84H et réalise de nombreux exercices de combats urbains en vue d’une invasion chinoise. L’Australie, pour rester crédible, se doit donc de faire de même. Et elle n’a pas hésité à endommager ses relations avec la France contre une alliance « sûr » avec les États-Unis. La France n’est tout de même pas absente de cette militarisation de l’Asie. L’Inde s’est notamment dotée du futur rafales F4 Français et la Malaisie et Taïwan étudient de près l’armement aéronautique Français. Dernièrement ce sont les Émirats qui ont été charmés par le Rafale, permettant d’infliger un revers aux Américains.
La Vente des Rafales
Le 21 janvier 2021, les Émirats Arabes-Unis officialisent l’acquisition de 50 avions de combat F-35 A et de 18 drones MALE aux États-Unis. Toutefois, la vente n’a pas de suite : les avions ne sont pas livrés et les Émirats ne réalisent pas la transaction. Le 3 décembre dernier, Abou Dabi se ravisait et signait l’acte de vente pour 80 rafales F-4 Français.
De nouveau, ce revirement s’explique en partie par la géopolitique. Dans la seconde partie du XXe siècle les Émirats étaient de bons clients pour l’armée américaine. En témoigne la présence de F-15, F-16 et de C-130 dans leur armée de l’air. Seulement, les États-Unis tiennent à ce qu’Israël préserve son hégémonie militaire dans le Moyen-Orient. En effet, depuis 1987 les États-Unis ont donné en moyenne 1,8 milliard de dollars chaque année à l’Armée Israélienne. De plus, l’Israël a activement participé au développement du F-35. Ainsi, les Émirats n’ont pas vraiment d’intérêt à acheter aux Américains qui ne les soutiendront pas autant que leur voisin Israélite.
S’ajoute à cela les performances très médiocres du F-35. Ce dernier est l’avion de chasse le plus cher du monde :100 millions de dollars contre 55 millions pour le rafale. L’avion en exercice se révèle trop lourd pour être efficace en combat. Il n’a pas assez d’espace en soute pour être un bon bombardier et son moteur, trop puissant, l’empêche d’être aussi furtif qu’un F-22 raptor. Un récent rapport du Pentagone atteste également que ses canons sont d’une “précision inacceptable”. Le même rapport stipule que l’avion souffre de treize problèmes techniques portant directement atteinte à la sécurité du pilote et l’aptitude au combat de l’appareil. Et 873 défauts moins graves mais tout de même problématiques sont apparus depuis sa mise en service en 2015 et attendent toujours d’être corrigés. La Corée du Sud, utilisatrice du F-35, a récemment interdit de vol tous ses modèles car souffrant de trop gros défauts techniques. Les réparations de tous les avions défectueux pourraient coûter 1500 milliards de dollars au contribuable américain qui en a déjà donné 1200 rien que pour la conception de l’avion. En résulte un appareil médiocre, cher et qui n’est même pas déclaré opérationnel. Le F-35 a tout de même réussi à s’exporter dans quelques pays comme le Brésil, l’Angleterre, la Finlande ou encore la Suède grâce aux bonnes relations que tiennent les États-Unis avec ces pays.
Le bilan du Rafale est moins catastrophique. Mis en service en version F1 dans la Marine Nationale en 2004, cet appareil n’a pas séduit à ses débuts, principalement à cause de son prix et de la concurrence féroce. Elle est menée par le F-16 « Falcon » puis le F-18 « Super Hornet », tous deux d’excellents avions ayant marqués leurs époques. Mais dès 2003 le Rafale gagne déjà plusieurs compétitions internationales et bat son principal concurrent, l’Eurofighter Typhoon, en se montrant plus rapide, plus maniable et apte à remplir toutes sortes de missions. En 2009, lors d’une compétition aux Émirats Arabes-Unis, la version F-3 affronte de nouveau le Typhoon mais aussi le F-22 “Raptor”, réputé bien meilleur. A la fin, les résultats donnes gagnant le Rafale sur tous les exercices. Cette démonstration de force est décisive et prouve les capacités polyvalentes de l’avion.
Depuis, le rafale a évolué jusqu’à sa version F-3R et est devenu un grand succès français. Il est engagé sur de nombreuses opérations comme au Mali, en Libye et en Irak. De nombreux pays l’ont adopté dans leurs rangs : la Grèce, la Turquie, l’Inde, le Qatar, l’Égypte et la Croatie. Xavier Tytelman, vétéran de l’armée de l’air ayant servi sur de nombreux appareils, déclare : « Il n’a pas d’équivalent. Objectivement c’est aujourd’hui le meilleur avion dans le monde. C’est un avion qui a un grand avenir ». Peu d’espoir donc pour les Américains de récupérer le contrat. Toutefois, l’appareil Français n’est pas exempt de concurrence. On note la présence des Mig-29 et de Sukhoi- 35 Russes, appareils réputés très performants. Malheureusement, aucun exercice de combat n’a été réalisé entre les avions russes et français pour le moment.
Le marché de l’armement mondial est donc en proie à de sévères concurrences entre les pays. Les États-Unis et la France mais également la Russie, la Chine et la Suède sont concernés. Les tensions entre les pays armés par ces puissances s’intensifient de jour en jour et menacent d’éclater en conflit ouvert. Si la paix mondiale semble inquiétée, l’avenir des marchands d’armes, lui, s’annonce pour le moins radieux.
Article écrit par Mathys Papin
Sources :
https://www.youtube.com/watch?v=oGuWadoTgkE
https://www.youtube.com/watch?v=Q13ZyRuL3Rs
https://fr.wikipedia.org/wiki/Force_a%C3%A9rienne_des_%C3%89mirats_arabes_unis
https://www.youtube.com/watch?v=jJ6RvIDmWlo&list=WL&index=3
https://www.youtube.com/watch?v=DTF3eu0HFqI&list=WL&index=5&t=1s
https://www.youtube.com/watch?v=5uSSJhI1K38&list=WL&index=6&t=87s
https://www.youtube.com/watch?v=laFHLT_tcKY
https://www.youtube.com/watch?v=Q13ZyRuL3Rs&list=WL&index=4&t=1s
https://www.youtube.com/watch?v=Q13ZyRuL3Rs
https://www.youtube.com/watch?v=Ux Hbrs2f6Eo
https://www.youtube.com/watch?v=ZxBUe8slIXI
https://www.avionslegendaires.net/2022/01/actu/f-35-et-rafale-au-top-su-57-en-flop/
Images : Wikimedia Commons