Le mystère de la construction des pyramides égyptiennes

Les pyramides de Gizeh sont les seules merveilles du monde qui manifestent encore leur présence sur Terre. Elles n’ont de cesse de fasciner les historiens car de nombreux doutes, mystères et questionnements entourent leur construction. Leur perfection géométrique et l’harmonie de leur agencement sont les témoins d’un « génie technique vieux de 5 000 ans », selon Damien Agut-Labordère. Tout autant qu’elles passionnent, la construction des pyramides reste un sujet débattu dans la discipline historique. De nombreuses controverses alimentent les espaces de débats dans le grand public mais aussi chez les spécialistes. 

Le site de Gizeh est le lieu historique le plus visité d’Egypte. Situé au sud-ouest de la ville du Caire, Gizeh abrite de nombreux vestiges égyptiens qui datent de l’Ancien Empire, sous la IVe dynastie des pharaons, de 2700 à 2500 avant notre ère. Cette période de l’Egypte antique coïncide avec la période durant laquelle la civilisation égyptienne connaît un développement sans précédent. Entre 2590 et 2498 avant JC, trois pharaons entreprennent la construction de tombeaux monumentaux. Les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos représentent le complexe pyramidal le plus célèbre du monde et a accueilli treize millions de touristes en 2019. Outre les trois pyramides les plus célèbres présentent sur le site, de plus petites pyramides juxtaposent ces dernières. Certaines d’entre elles servent de tombeaux pour les reines. D’autres, appelées mastabas, renferment le sarcophage d’importants serviteurs du souverain de cette période. Pour finir, l’entrée du site de Gizeh est gardée par une statue de Sphinx, c’est-à-dire, une statue de lion à tête d’homme. La statue de Sphinx possède les traits du visage du pharaon Khéphren, ayant régné successivement à Khéops, de 2558 à 2533 av. JC. Il en avait commandé la construction. 

La pyramide de Khéops est la plus haute des pyramides du site. Elle culmine à environ 146 mètres de hauteur et repose sur une base carrée d’environ 230 mètres de côté. Sa structure est composée de plus de deux millions de blocs de calcaire, chaque pierre pesant une tonne et demie. Khéops est le premier des trois pharaons à bâtir la première merveille du monde sur le site de Gizeh. Les pyramides sont la preuve d’un travail pharaonique qui dissimule de petites chambres (dont celle du pharaon), des cavités et des galeries noyées dans la masse énorme de la pyramide. Avec cette structure, les constructeurs avaient pour objectif de désorienter les pilleurs de tombe afin de protéger le corps du pharaon. Certaines chambres ont été découvertes tardivement mais encore aujourd’hui les scientifiques cherchent et découvrent de nouvelles chambres au moyen de robots et de fibres optiques. 

La pyramide de Khéphren est la deuxième plus grande pyramide du site, située juste derrière celle de Khéops. Il s’agit de la seule pyramide qui conserve encore une petite partie de son revêtement en calcaire blanc au sommet. De même, sa construction est réalisée avec des blocs de trois tonnes chacun en moyenne. 

Enfin, la pyramide de Mykérinos est la troisième et la plus petite pyramide du complexe.

A ce jour, les archéologues n’ont aucune certitude quant aux techniques utilisées par les égyptiens pour bâtir les pyramides de Gizeh. Cependant, une mission archéologique franco-égyptienne menée par Pierre Tallet en 2013 a découvert un lot d’archives en papyrus datant de l’époque de Khéops (2550 av. JC). Pierre Tallet est égyptologue, Professeur à l’Université Paris Sorbonne et président de la Société française d’Egyptologie.  Ces archives sont des carnets de bord qui renseignent sur les différentes phases de l’activité d’une équipe de bateliers. Ces carnets étaient sans doute tenus sur plusieurs mois par des fonctionnaires qualifiés qui savaient lire, écrire et organiser un chantier de construction. En les étudiant, les archéologues se sont aperçus que l’équipe de bateliers en question était chargée de différentes missions pour le compte de la monarchie. Parallèlement, les archéologues disposent d’archives qui les reportent plusieurs mois auparavant lors d’une mission effectuée par cette même équipe de bateliers et qui était chargée de travailler dans des carrières à Tourah, sur la rive Est du Nil. Ils devaient embarquer des gros blocs de calcaire sur des bateaux et les transférer par voie fluviale jusqu’au chantier de la pyramide à Gizeh. En effet, la plupart des pierres utilisées pour la construction des pyramides proviennent des carrières. Mais  par exemple, le granit présent dans la chambre du roi a été extrait à 800 km de Gizeh, à Assouan au sud-est de l’Egypte. Le Nil est le moyen de transport principal pour ces pierres. Les pierres sont placées dans des barques à fond plat. Une fois sur terre, les pierres sont acheminées jusqu’au chantier par un système de traîneau, sous lequel étaient placés des rondins. Les artisans avaient également recours au « chemin de boue » qui permettait de tirer de lourdes charges. Le nombre de blocs nécessaire était calculé au préalable et chaque bloc était marqué afin d’être placé à la bonne place dans la pyramide par l’équipe d’artisans correspondant à cette tâche. 

A l’époque des pharaons, la pyramide était recouverte d’une couche de calcaire taillée, lisse et blanche. Avec le temps, la couche a été détachée et utilisée pour d’autres constructions. 

Chez les égyptiens, les pyramides ont la fonction de tombeaux royaux. D’une monumentalité sans précédent, les pyramides devaient conserver le corps d’un pharaon pour préserver son immortalité. Durant l’Ancien Empire, même si le pharaon mourait, il continuait de veiller sur son peuple. Il avait ainsi accès à la vie éternelle. Au IIIe millénaire avant JC apparaît le procédé de momification des morts. Les pharaons sont les premiers à se faire embaumer. Pour éviter la putréfaction du corps du pharaon, les entrailles étaient retirées du corps, puis placées dans un bain de sel pour les dessécher. Ensuite, les entrailles étaient enduites d’huiles parfumées puis entourées de bandelettes. Le corps du pharaon , une fois recouvert de ces bandelettes, était déposé dans sa chambre située au cœur de la pyramide. Après les funérailles, le passage menant à la chambre était scellé de blocs de pierre. 

Construites par des forces surnaturelles, prédication de la fin du monde… Les prouesses architecturales des grandes pyramides égyptiennes sont le sujet de nombreuses conspirations. Selon Mathieu Foulot, dans Complots et délires d’opinion, l’arrivée du complotisme coïncide avec la modernité. C’est donc dans cette perspective que la découverte du chantier pharaonique des pyramides et des techniques de construction qu’elles ont engendré au IIIe millénaire avant JC alimentent les pensées les plus imaginaires. Ces prouesses architecturales étonnent puisque qu’aujourd’hui encore, malgré nos innovations technologiques, ce type de construction resterait difficile à envisager. Le film La révélation des Pyramides de Jacques Grimault rapproche la construction des sites de l’île de Pâques, du Machu Picchu et de Gizeh. Ils seraient alignés précisément sur une ligne à 30°C de l’Équateur. Selon ce pseudo documentaire, cette précision serait due à la communication des peuples entre eux, malgré leur séparation de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres. Ce docu-fiction fait coïncider certains éléments comme la valeur de la vitesse de la lumière qui se retrouverait dans des indications de la grande pyramide ou encore la dimension de la pyramide qui donnerait la vitesse de rotation de notre planète… Il présente le site de Gizeh comme une horloge astronomique hyper perfectionnée. Ainsi, Jacques Grimault déconstruit  les consensus scientifiques relatifs à la construction des pyramides. Le film ironise le rôle du « Hasard » dans ces phénomènes inexpliqués mais insiste sur le fait que l’ « Histoire comprenait des lacunes (…) et qu’il allait bien falloir envisager de rechercher une explication rationnelle aux énigmes de  notre passé ». Selon Chris Conte, de la chaîne YouTube “Un Poisson Fécond”, ce docu-fiction a su relever assez de coïncidences pour semer le trouble dans les thèses déjà connues. Si ce film a eu tant de succès c’est qu’il est basé sur une dimension prophétique qui ne trouve pas d’écho chez les scientifiques.

Le site de la Bibliothèque nationale de France répertorie les théories de construction des pyramides les plus probables. La première estime qu’il est possible qu’une rampe de briques rectilignes ait été construite face à l’un des côtés de la pyramide et complétée au fur et à mesure que la pyramide s’élevait pour y monter les blocs de pierre. Suivant cette théorie, la rampe ne pouvait pas être trop inclinée. Elle devait être progressivement allongée pour maintenir une inclinaison constante. Ce principe devait donc nécessiter un nombre de briques important. 

La seconde théorie explique qu’une rampe en spirale devait envelopper la pyramide au fur et à mesure que la chantier avançait. Une fois la pyramide érigée, la rampe devait être déconstruite. Quand les ouvriers s’affairaient à la démonter progressivement, ils en profitaient pour poser le revêtement en calcaire. 

Cependant, une théorie de construction se détache des précédentes. Elle est défendue par le chercheur  et architecte français Jean-Pierre Houdin. Il reprend le principe de la rampe mais conteste le fait qu’elle aurait été utilisée pour construire la pyramide dans son entièreté. Il pense qu’une rampe en pierre aurait servi à construire le premier tiers de la pyramide. Puis les pierres de la rampe auraient servi à terminer la pyramide. Pour cette étape, les bâtisseurs de pyramide auraient utilisé un couloir en spirale, construit à l’intérieur de la pyramide. Cette théorie expliquerait le fait que les archéologues n’ont pas retrouvé de traces de rampe sur le site. Par ailleurs, certains chercheurs pensent que les égyptiens ont eu recours à des systèmes de levage (avec des leviers) pour construire la partie haute de la pyramide.

Article écrit par Anne-Charlotte Bourrigault

Sources : 

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