Théâtre, pièce représentée du 22 au 25 février 2022 au TU, Nantes, 1h15.
Face aux sombres prévisions des climatologues sur l’avenir de notre planète, comment peut-on tenter d’exorciser cette peur des catastrophes naturelles et apercevoir un futur ?
« Le besoin d’exorciser la peur des catastrophes climatiques, […] imaginer un avenir chouettos. »
Avec « Nous sommes les amazones du futur », la comédienne Marion Thomas tente de répondre à cette question, entre humour, vulgarisation scientifique et souvenirs d’enfance. En compagnie de Maxime Devige à la régie, les deux membres d’une même troupe de théâtre nous emmènent dans ce à quoi pourrait ressembler un futur post-catastrophes climatiques, où ce que nous connaissons n’existe plus. Au travers différents exemples, Marion fait appel à l’histoire, aux expériences de psychologie expérimentale ou de neurosciences pour tenter de savoir un peu mieux quel comportement il s’agira d’adopter face à un monde désormais hostile à l’espèce humaine.
Le travail effectué autour de ces biens matériels qui nous sont si nécessaires aujourd’hui (mais peut-être pas demain), ainsi que par les jeux de l’espace par le corps, la lumière ou le son, Marion et Maxime nous plongent dans leur hypothèse de ce à quoi pourrait ressembler demain. Chaque élément savamment dosé fixe notre regard sur cette représentation dont nous ne voulons pas nous détacher, et finit même par nous inclure, les spectateurs.
Au-delà du jeu de Marion, qui donne vie à une scène vide avec très peu d’accessoires, la lumière et le son en lui-même nous plongent dans l’atmosphère de ce futur probable. L’importance du silence, de la solitude d’une voix, qui, à la fin devient multiple, nous fait comprendre plusieurs choses. En effet, dans un futur plus ou moins proche, nous goûterons à la solitude dans un monde à la Mad Max. Cependant, par cette étape peut rejaillir la vie, en compagnie de nos seuls compagnons de survie, soit les rats, les moustiques, les pigeons, les cafards et les punaises.
Une pièce nous faisant nous rappeler l’urgence climatique et écologique dans laquelle nous vivons et sur laquelle plusieurs membres de la communauté scientifique tentent de tirer la sonnette d’alarme, tout en nous faisant rire de l’incapacité de l’Homme moderne à s’adapter à une telle vie dénuée du confort offert par la société de consommation. Malgré ces grands mots, nous sortons du spectacle conquis par ce travail que Marion a mené durant quatre ans. Quatre ans de recherches, de rédaction qui ont mené à ce qui peut, aussi, nous faire relativiser sur notre propre futur, drôlement catastrophique.
En somme, un premier spectacle intelligemment drôle, abordable et quelque peu réconfortant sur ce qui nous attend.
Article écrit par Anna Denis